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Rousseau_Ordinaire

Page history last edited by PBworks 17 years, 2 months ago

(Article Temperament, p.270)

 

Voilà ce qui s'exécute au moyen du tempérament.

 

Pour cela, premier on commence par l'ut du milieu du clavier, et l'on affaiblit les quatre premières quintes en montant jusqu'à ce que la quatrième mi fasse la tierce majeure bien juste avec le premier son ut; ce qu'on appelle la première preuve.

 

Second En continuant d'accorder par quintes, dès qu'on est arrivé sur les dièses, on renforce un peu les quintes, quoique les tierces en souffrent; et, quand on est arrivé au sol dièse, on s'arrête: ce sol dièse doit faire avec le mi une tierce majeure juste ou du moins souffrable; c'est la seconde preuve.

 

Troisième On reprend l'ut et l'on accorde les quintes au grave, savoir, fa, si bémol, et cetera, faibles d'abord; puis les renforçant par degrés, c'est-à-dire affaiblissant les sons jusqu'à ce qu'on soit parvenu au re bémol, lequel, pris comme ut dièse, doit se trouver d'accord et faire quinte avec le sol dièse, auquel on s'était ci-devant arrêté; c'est la troisième preuve.

 

Les dernières quintes se trouveront un peu fortes, de même que les tierces majeures; c'est ce qui rend les tons majeurs de si bémol et de mi bémol sombres et même un peu durs; mais cette dureté sera supportables si la partition est bien faite; et d'ailleurs ces tierces, par leur situation, sont moins employées que les premières, et ne doivent l'être que par choix.

 

Les organistes et les facteurs regardent ce tempérament (p.271) comme le plus parfait que l'on puisse employer; en effet les tons naturels jouissent par cette méthode de toute la pureté de l'harmonie, et les tons transposés, qui forment des modulations moins fréquentes, offrent de grandes ressources au musicien, quand il a besoin d'expressions plus marquées: (...)

 

(Article Ton, p.292)

 

Ces tons diffèrent (...) par les diverses altérations des sons et des intervalles, produites en chaque ton par le tempérament; de sorte que, sur un clavecin bien d'accord, une oreille exercée reconnaît sans peine un ton quelconque dont on lui fait entendre la modulation; et ces tons se reconnaissent également sur des clavecins accordés plus haut ou plus bas les uns que les autres: ce qui montre que cette connaissance vient du moins autant des diverses modifications que chaque ton reçoit de l'accord total, que du degré d'élévation que la tonique occupe dans le clavier.

 

De là naît une source de variétés et de beautés dans la modulation; de là naît une diversité et une énergie admirable dans l'expression; de là naît enfin la faculté d'exciter des sentiments différents avec des accords semblables frappés en différents tons. Faut-il du majestueux, du grave, l'F ut fa et les tons majeurs par bémol l'exprimeront noblement. Faut-il du gai, du brillant, prenez A mi la, D la re, les tons majeurs par dièse. Faut-il du touchant, du tendre, prenez les tons mineurs par bémol. C sol ut mineur porte la tendresse dans l'ame; F ut fa mineur va jusqu'au lugubre et à la douleur: en un mot chaque ton, chaque mode a son expression propre qu'il faut savoir connaître, et c'est là un des moyens qui rendent un habile compositeur maître en quelque manière des affections de ceux qui l'écoutent; c'est une espèce d'équivalent (p.293) aux modes anciens, quoique fort éloigné de leur variété et de leur énergie.

 

C'est pourtant de cette agréable et riche diversité que Monsieur Rameau voudrait priver la musique, en ramenant une égalité et une monotonie entière dans l'harmonie de chaque mode, par sa règle du tempérament, règle déjà si souvent proposée et abandonnée avant lui. Selon cet auteur, toute l'harmonie en serait plus parfaite. Il est certain cependant qu'on ne peut rien gagner en ceci d'un côté qu'on ne perde autant de l'autre; et quand on supposerait (ce qui n'est pas) que l'harmonie en général en serait plus pure, cela dédommagerait-il de ce qu'on y perdrait du côté de l'expression? (Voyez Tempérament.)

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